elle veut le rouge du corps. elle veut en connaître toute la chair, la douleur. la nuit elle va dans des bals et elle danse. en dansant elle se donne. la souffrance déjà s'est effacée dans la mer. la mer immense qui la berce et l'enterre. dans les joncs longs très hauts elle a couru elle a battu ses jambes contre l'herbe et la pierre. elle dit : qu'on me donne de l'air, toujours, de l'air, que mes poumons explosent. elle dit encore : je suis folle, je m'en fiche, je veux mourir de ça, le reflux brutal de la vie dans les veines, la souffrance, la jouissance, c'est pareil.

l'immédiate, c'est la jeune fille en moi qui s'en va à la mer parce qu'elle est en souffrance de ne plus rien sentir.

elle veut qu'on l'aime, à tout prix. elle veut qu'on la désire, à la limite de tout. elle confond le corps et le coeur, elle est comme noyée déjà. elle dit : je voudrais que la réalité soudain sur le canevas nouveau de l'amour ne soit plus qu'un décor.

elle dit aussi : je sais que la mer elle-même n'est qu'un mensonge.