la jeune fille et la mer

 

 

 

et c'est un peu comme si elle disait tout le temps : les choses ne devraient pas être comme ça. elle ne le dit pas mais tout son corps le crie, tout son corps s'enfuit en avant pour dire ça : les choses ne devraient pas être comme ça.

elle porte depuis toujours en elle le goût de l'absolu, le goût de l'entier et du meurtre, le meurtre de la réalité qui ne lui suffit pas, elle dit : le rêve c'est quoi sinon un étirement sensible de la réalité ?

et quand elle ferme les yeux pour dormir le soleil reste très jaune dansant comme une flamme, longtemps, sous ses paupières.

elle dit : ma vie est une voltige, un inlassable désir de vertige. je veux connaître, je veux savoir, je veux posséder sous ma peau le danger. goûter la mer, les dieux grecs, les entrailles de la terre. le soleil tragique. je veux savoir, je veux toucher. je veux voir jusqu'au bout du chemin, la lumière quelle est-elle, ou bien rien ?

rien peut être, rien sans doute, mais quitte à tomber, (elle rit) : autant tomber de haut.


avant - index - après