la jeune fille et la mer

 

 

 

si j'écris cette histoire un jour, l'histoire de l'immédiate, j'écrirai d'abord le vent qui rend fou, les herbes dansantes, la mer et puis les loups, la lumière du phare qui tourne toute la nuit comme dans ma tête et qui t'attend, et qui t'appelle, et qui s'entête...

si j'écris cette histoire oui j'écrirai le corps de l'île allongée, alanguie, une langue de sable et de forêt. j'écrirai parce que j'ai peur de tout. j'écrirai parce que je ne connais que cela, dans les moments terribles, pour garder goût au monde, garder le goût du rêve. parce que je ne me connais d'autre retour qu'à travers celui, éternel, de la nuit et des vagues.

le long bruissement de l'eau lointaine qui va et qui vient sur le sable. le ciel mélangé, le soleil en morceaux. le rêve s'en va à la mer, dit-elle, comme les grands oiseaux blancs, les bateaux.

n'aie-pas peur, dit-elle encore, il n'y pas de temps car la mer est partout.

 

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